Dominique Massaut

Paul Sanda et Petzi

Extrait de "Sept fragments"

Comme les bistrots sont en voie de disparition, y compris le café du commerce, et qu’on n’a donc plus que rarement l’occasion de déverser, dans un orgasme très mâle, le plaisir de ses lectures autour de boissons alcoolisées et de compagnons indulgents, indifférents ou interdits, j’ai décidé de déposer sur ce site quelques extraits de livres que j’ai aimés. L’avantage, pour le coup, c’est que, si vous vous en faites le réceptacle (ou l’écho distrait), ce sera cette fois le résultat d’une démarche volontaire.

Aujourd’hui, un délicieux extrait de Sept fragments/Immanents pour une alchimie poétique, une très jouissive (et véritable) reliure de Paul Sanda, publié aux Editions Rafael de Surtis (2012)

Petzi, ou le fragment du surréalisme.

C’est en 1966, alors âgé de cinq ans, que je découvris pour la première fois le héros surréaliste par excellence : Petzi. Je ne sais maintenant si Hansen dessinateur de ces albums a pu un jour être en relation avec le groupe d’André Breton, ou si des lectures choisies dans son histoire personnelle ont pu influencer son imaginaire dans ce sens, mais les aventures de Petzi proposent en continu des événements pouvant être interprétés comme provenant de cette surréalité qui semble être le mode de vie du héros, le mode d’aventure et de développement sans fin de l’exploration du merveilleux choisi par l’auteur. C’est Petzi dans l’île de Robinson, et surtout Petzi Alpiniste qui, pour moi, atteignent les sommets de cette oeuvre, absolument originale dans la bande dessinée jeunesse des années 60. Cette perspective, que j’ignorais encore comme surréaliste, bouleversa tous mes sens émotionnels. Et je peux l’identifier comme ma première rencontre avec la poésie de la béance, une poésie de l’image démesurément ouverte, et résolument créatrice, dans la relecture d’un monde fantasmé avant même d’avoir pu être exploré. C’est ainsi que l’irruption du tigre à vélo sans frein est caractéristique de cette poésie primitive : il paraît tout à fait naturel qu’un tigre, sur un vélo en bois sans frein, passe à toute vitesse dans une pente de haute montagne. Petzi et ses amis, alors en pleine ascension, s’écartent tranquillement, le saluent et l’encouragent. Il continue la descente et disparaît. D’ailleurs, il ne reparaîtra pas...


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