Dominique Massaut

Inlassablement…

QUELQUES PRÉCISIONS ÀPROPOS DU SLAM

Ça arrive tout de même moins souvent qu’avant, parce que le slam a maintenant moins d’entrée dans les médias à forte audience… Mais me voici encore ci et là agacé par qui adopte des définitions aliénées, celles des marchands de variétoche et de la Culture du Pognon.

Pour rappel, le slam n’est ni la poésie, ni le rap, ni une forme quelconque d’expression émergente.
Le slam, c’est UN TERRAIN, c’est cela et rien que cela : UN TERRAIN D’EXPRESSION entouré d’une éthique, un terrain où on peut venir dire quelque chose de poétique, durant un temps limité, sous quelque forme que ce soit, sans accompagnement musical, sans décor ni costume, sans accessoire. On vient AVEC CE QUE TOUT ÊTRE HUMAIN possède : des mots, une voix, un corps ! Et "on", c’est TOUT le monde, TOUT qui est présent et souhaite s’exprimer, sans la moindre exception. C’est ça l’essence du slam. Le fond, la forme et le ton sont totalement libres. C’est à dire que, sur une scène slam, on peut voir, entendre un rap ou une chanson a capella, proposer un sketch ou un conte court, dire un poème avec ou sans rime, de la prose, une harangue, une lettre, tout ce qu’on veut. Appelé sur scène – et pendant tout la durée de son intervention, le slameur est le seul qui soit habilité à donner une définition à la poésie. Et le slameur ou la slameuse suivant(e) en donnera une autre par la singularité même de son slam.

Juste un trait formel "de fait" : puisqu’on est en spectacle vivant, il y a donc "les mots + le corps". Si on osait une comparaison avec le sport, le slam serait UN TERRAIN sur lequel on peut à la fois venir faire du foot, du basket, du tennis, de la gym, du saut en longueur ou en hauteur, etc. Tout le monde trouverait dès lors naturellement idiot d’aller clamer que « le slam c’est une nouvelle forme de foot » ! C’est bel et bien la nature des choses qui diffère. Les seules règles imposées, c’est qu’on est là pour faire le spectacle ensemble, qu’on soit footballeur ou basketteur, poète ou théâtreux, rappeur ou conteur, et, surtout, soit disant bon ou soi disant mauvais ! Bon ou mauvais, poésie ou pas poésie, ce n’est pas la question. La raison d’être du slam, c’est que les gens

  ont besoin d’espaces de paroles ouverts à tous, sans castings, parce que ça devient extrêmement rare,

  ont besoin d’espace sans compétition, simplement d’expression, d’écoute et de partage, parce que ça devient extrêmement rare,

  ont besoin de lieux sans privilèges, sans exclusions, sans stigmatisations, parce que ça devient extrêmement rare...

Merci de comprendre cela et, à propos de cette chose urgente et magnifique qu’est le slam tel qu’il est, d’arrêter de bêler les âneries de Drucker, cette marionnette (parmi d’autres marionnettes) manipulée par Universal&Cie ! Enfin, pour info, s’il fallait traduire littéralement en français le mot slam (mouvement né à Chicago en 1984, ce qui explique assez simplement le terme anglophone), le pire terme serait évidemment "la poésie". Le terme littéral serait : "la claque" !...


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