Il erre et relie
L’apprentissage de la lenteur est là, dans l’immédiat, parole tentée. L’œil perce d’entre les arbres, épie la sève. Il hume l’espace intérieur des gens venus ; et puis voilà : la Meuse déboule sous la langue et déroule son poids de chalands. Le menton hale un sourire et des souvenirs d’enfance.
Il y a de l’homme, par là.
Dominique Massaut. Errant hors du rang, dans le jardin des virgules, ponctué de tant d’innocence parfois. Il y a là un explorateur du corps de l’âme à la recherche du ventre du vent. Et l’histoire se laisse faire par le partage, comme une histoire d’amour, comme un accent familier. On est bien chez lui ; il est chez lui partout. Il accueille et relie. Sans raison ni calcul. Ses mots remontent le long de nos intuitions humaines à la lenteur des jours. Il tisse ainsi l’intime de l’être, pas à pas, même s’il ne respire par moment que peu. Cet homme-là cherche, c’est sûr, mais sans le lourd de l’heure.
Il y a en lui du druide facétieux.
Et s’il énumère, c’est qu’il part sans bagages, lesté d’un doigt ou deux dans la lumière. La lenteur apprend à être précis, à devenir plus sensible que peau d’aveugle. De la mer au désert, entre oueds et menhirs, il échange ses mots contre des syllabes martelées à l’enclume du cœur. Il nous dépayse du fil de l’eau pour débusquer le fil de l’autre.
Cet être est une fenêtre au reflet de mon jardin. J’aime y croiser son regard d’errant. Humain.
"Errer humanum est", poèmes de et par Dominique Massaut, avec Nicolas Piéret, en compagnon de musique et silence. "Construction musicale" de Jean-Marie Dzuba.
Jean-Claude Piérot.
Dom
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