Nourrir le rond
Exhorter à nourrir le rond est ici tout sauf un appel à la complaisance dans une soumission à un quelconque Grand Tout ou à une béatitude permanente et achevée. C’est avant tout le souhait d’une recherche, dans son exigence de lâcher prise (ce travail terrible !) L’oiviveté n’est pas toujours de tout repos... C’est toucher sans cesse à l’une des fonctions, peut-être fondatrice, de la poésie : le vaste champ du réceptif. Par lui, nous serons parfois bercés, dans de gouleyantes rotondités (les poèmes ?) et parfois heurtés, dans d’irritants malaises (les proses ?) Jeu, va-et-vient entre l’immersion et le retrait, entre la chair et la pensée, dans un mouvement de complicité, de continuité surtout ? Le recul, lui, a parfois besoin du temps (soyons lents !) ou de l’espace (soyons voyageurs !) Mais s’il s’agit de goûter les choses, on ne pourra pleinement le faire que de l’intérieur (soyons plongeurs !)... Par ailleurs, le livre s’est, semble-t-il, interdit de gommer le chemin parcouru, souvent moins lisse, moins exempt de sueur, que la destination envisagée. Et l’appel semble lancé à de subtiles approches, de chaque instant, des événements les plus banals, comme si la poésie n’était que ce que les choses ordinaires ont d’extraordinaire (G. Linze).
S.C.
... une littérature goûteuse, odorante, rumeurante, qui a cet effet magique de végétaliser l’humain. Et le sens : il s’éparpille pour se reconstruire en catimini : c’est troublant, et jouissif.
Marcelle Imhauser.